Découvrez la synthèse de notre indicateur hebdomadaire réalisé auprès de 1000 dirigeants de PME et ETI, en partenariat avec l'Entreprise DU FUTUR.

Selon l’enquête de cette semaine, 1 entreprise sur 3 envisage une dégradation de sa trésorerie dans les 3 à 6 prochains mois. En effet, en fonction des secteurs d’activités, on constate des inégalités en matière de maintien du chiffre d’affaires. En conséquence de cette prévision, 71% des entreprises déclarent prévoir un gel des salaires en 2021, voire un gel des primes pour 40% d’entre elles.

Alain Prunet, Dirigeant de MAS, a choisi de prendre le contre-pied de cette tendance, en cherchant à remotiver ses collaborateurs grâce à des primes supplémentaires. Basées sur des objectifs précis, celles-ci sont primordiales, selon le dirigeant, pour donner envie aux employés de continuer à avancer et de dynamiser les ventes.

Les chiffres clés de l'indicateur hebdomadaire

- Semaine du 07 au 11 décembre 2020 -


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Découvrez l’interview d’Alain PRUNET, Dirigeant de MAS


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En parallèle d’un réseau de boutiques pour la vente de viande et de produits locaux, Alain Prunet est le dirigeant d’une entreprise de fabrication de produits à base de viande, notamment de la charcuterie. Distribués dans les secteurs de la restauration et de la brasserie, ces produits représentent un savoir-faire auvergnat traditionnel auquel tiennent beaucoup les 80 collaborateurs de l'entreprise MAS. A contre-courant de certaines entreprises agro-alimentaires, MAS ne recherche pas l’industrialisation, mais l’authenticité et la qualité procurées par de petits ateliers locaux.

Q : Comment votre activité a-t-elle été touchée par la crise ?

Alain Prunet : Comme tout le monde, nous avons subi la crise plein fouet. Une partie de notre production étant destinée au secteur de la restauration, nous avons fait face à une perte importante sur ce secteur. Au total, c’est près de 80% de notre activité charcuterie qui a disparu du jour au lendemain.

La crise a également accéléré certains comportements que nous constations déjà depuis plusieurs années. Si les produits de charcuterie sont consommés hors foyer, ils le sont de moins en moins au domicile. Côté apéritifs, propices à la dégustation de jambons secs ou saucissons par exemple, les confinements et règles sanitaires les ont tout simplement fait disparaître pendant toute une période de l’année.

En dépit de cette crise sanitaire, il a fallu trouver des solutions pour maintenir notre activité à flots. Si une partie de notre production est touchée, il faut pouvoir compter sur les autres pour compenser.

Nous avons donc décidé d’adapter notre gamme de produits aux envies et aux besoins de nos clients : plus de volaille et de bœuf, moins de charcuterie. En boutique, nous avons choisi de mettre en avant notre savoir-faire, notre proximité, mais aussi le contact humain que nous pouvons offrir aux clients. En effet, ceux-ci en ont cruellement besoin en ces temps particulièrement difficiles.

Et en travaillant avec des producteurs locaux, nous avons pu également sensibiliser les consommateurs à l’importance des filières courtes, notamment dans des périodes comme celle que nous vivons.

Comme je le disais, les crises sont, selon moi, des accélérateurs de phénomènes, qu’ils soient négatifs ou positifs. Et grâce à ces différentes adaptations, nous n’avons finalement que peu de perte de chiffre d’affaires.

Q : Avez-vous activé des leviers de financement proposé par l’Etat ?

Alain Prunet : L’adaptation et l’agilité dont nous avons pu faire preuve ont été possibles grâce à l’activation de certaines aides gouvernementales.

Chez nous, le PGE a été activé afin de garder l’activité en marche dans un premier temps. J’ai très peu utilisé le chômage partiel ; nous avons pu nous organiser autrement. Mais il ne faut oublier que cette mesure a bénéficié à beaucoup de nos clients, ce qui leur a permis, à leur tour, de continuer à venir dans nos boutiques pour acheter des produits.

Nous avons profité du report de cotisations sociales par les URSSAF, car nous avons eu du mal à être réactifs dans les premières semaines. Mais nous avons remboursé cette dette dès que possible, afin de ne pas la laisser traîner. Tant qu’on peut se le permettre, il vaut mieux rattraper son retard au plus vite. Le report d’emprunt a également été bénéfique pour l’entreprise ; cela nous permet de respirer quelques temps, sans pour autant modifier les échéances à venir.

Toutes ces mesures ont été les bienvenues, pour nous comme pour nos clients. Il est toujours possible de critiquer la répartition de celles-ci, mais je tiens à saluer le Gouvernement pour sa réactivité, dans la mise en place du PGE par exemple. Pour rendre une part de ces aides et apporter notre pierre à l’édifice l’économie française, nous essayons d’investir le plus possible auprès d’entreprises régionales et françaises. En achetant du matériel, en faisant des travaux dans nos magasins, nous pouvons à notre échelle venir en aide aux autres entreprises et à l’Etat, grâce à la TVA.

Q : Votre gestion de l’entreprise et de vos collaborateurs a-t-elle évoluée depuis le début de la crise sanitaire ?

Alain Prunet : En tant qu’entrepreneur, il faut toujours avoir une vision au moins à moyen terme de son projet. Peu importe les obstacles, quand vous avez une idée, il faut que la stratégie de réalisation garde le cap défini au départ. Mais cela nécessite quelques adaptations : en ce moment, il nous serait trop difficile d’établir un budget sur un an par exemple. Nous nous concentrons donc sur des budgets trimestriels, que nous pouvons aisément ajuster si besoin. Cette souplesse, c’est ce qui nous permet de tenir le coup, tout en gardant en tête nos objectifs.

En ce qui concerne mes collaborateurs, ce n’est pas tant la gestion qui a changé, mais la façon dont nous les récompensons. Dès le début de la pandémie, je leur ai proposé une prime afin de les garder motivés, en activant le dispositif de prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (prime Macron). En décembre, ils recevront une seconde prime selon les objectifs fixés ensemble. Ce système est aussi lié à un programme de remises pour les clients au-delà d’un certain montant d’achat. Cela encourage les collaborateurs à faire preuve d’esprit commercial.

Ce levier de prime est pour moi un investissement, et non une charge. En effet, avec des collaborateurs motivés, l’entreprise pourra toujours avancer. Le proverbe « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » est pour moi une véritable philosophie. En faisant adhérer tout le monde au projet d’entreprise, on permet à chacun de trouver sa place et de se responsabiliser. En tant que dirigeant, c’est un véritable travail de fond, mais quand on voit le résultat, on sait que ce n’est pas du temps perdu. A ce titre, la crise de la Covid peut devenir une opportunité : c’est l’occasion d’être créatif, et de revoir complètement nos façons de penser et de diriger.